Des recherches menées en eau profonde dans la mer pourraient aider la Société de gestion des déchets nucléaires (SGDN) à stocker de manière sûre et à long terme le combustible nucléaire irradié canadien un demi-continent plus loin.
Ce projet est le fruit d’un partenariat noué avec Ocean Networks Canada, une branche de recherche et de surveillance océanographiques de l’Université de Victoria. Cette collaboration a permis à des spécialistes de la SGDN d’envoyer le mois d’octobre dernier des pièces de monnaie de cuivre entourées d’argile de bentonite dans les eaux salées du bras de mer Saanich, au large des côtes de la Colombie-Britannique. L’expérience sous-marine crée un environnement pressurisé qui permet aux chercheurs de mieux comprendre comment ces deux éléments du système de barrières ouvragées se comporteront sous pression et au fil du temps.
Pendant six mois, les pièces de cuivre revêtues d’argile sont demeurées à 90 mètres de profondeur sous la surface de l’eau, dans ce que l’on espère être la première de nombreux essais sous-marins effectués pour le système de barrières ouvragées de la SGDN. Le système à barrières multiples fera à terme partie d’un dépôt géologique en profondeur que la SGDN espère construire en Ontario, à des milliers de kilomètres de l’océan.
« C’est un peu comme un essai d’exposition accélérée », indique Jeff Binns, un chercheur spécialiste de la corrosion à la SGDN qui aide à mener ces recherches, pour expliquer l’utilité de ces expériences sous-marines. Il ajoute que l’environnement salé, actif sur le plan microbiologique et à faible teneur en oxygène que l’on retrouve « au fond de l’océan ressemble à l’environnement d’un dépôt géologique en profondeur en accéléré ».
Même si le dépôt géologique en profondeur se trouvera très loin de l’océan, observer comment ces deux éléments du système de barrières ouvragées de la SGDN – le cuivre et l’argile de bentonite – peuvent résister aux rudes conditions océaniques aide à comprendre comment ils se comporteront en profondeur dans le dépôt. Les pièces, après avoir passé des mois sous le poids considérable des eaux océaniques, ont été envoyées à des partenaires de recherche de l’Université de Waterloo et de l’Université Western. Elles y subiront des tests pour déterminer dans quelle mesure l’argile de bentonite a protégé le cuivre contre l’activité microbienne et d’autres effets corrosifs possibles.
« Le projet démontre aussi notre engagement à collaborer avec des experts de différents domaines, a ajouté M. Binns. À terme, nous aimerions savoir comment les éléments du système de barrières ouvragées fonctionneront ensemble sous pression.
« Dans le futur, des éléments du système de barrières ouvragées pourraient être envoyés à des profondeurs aussi grandes que 2,6 kilomètres sous la surface de l’eau, à plus grande distance au large de l’océan Pacifique. Et nos experts espèrent même pouvoir mettre à l’épreuve une version à pleine échelle du conteneur, sans combustible irradié, à ces profondeurs océaniques. »
Le conteneur de combustible irradié mis au point par la SGDN fait partie du système de barrières ouvragées qui aidera le dépôt géologique en profondeur à protéger les gens et l’environnement pour des générations à venir. Ce système lui-même fait partie du système à barrières multiples, qui servira à confiner et à isoler le combustible nucléaire irradié canadien à grande profondeur jusque dans un avenir très lointain.